Quadriptyque
Quadriptyque, pourquoi, comment ?
Pourquoi ?
Pionnière de la danse intégrée au Canada depuis 20 ans, je compte à mon actif neuf productions avec des chorégraphes professionnels d’ici et d’ailleurs. Tout au long de ma carrière, j’ai pu mesurer la richesse de ce champ d’exploration spécifique de la danse contemporaine. Comme enseignante et directrice artistique de Corpuscule Danse, je sais aussi combien la danse intégrée interpelle et suscite intérêt et émotions chez le public, la communauté des personnes handicapées, les professionnels de la danse et les médias. La danse intégrée laisse rarement indifférent, puisqu’elle comprend un pouvoir expressif indéniable, un « je ne sais quoi » qui chamboule la perception souvent biaisée du handicap. Bien dirigée, elle transcende les limitations physiques pour livrer de sensibles et percutantes manifestations artistiques.
Depuis vingt ans cependant, je regrette que n’existe aucune réflexion approfondie sur la pratique de la danse intégrée à Montréal. Personne ne sait comment se déroule le processus. Aucun ouvrage n’existe ici sur le sujet, et il en existe très peu en français dans le monde. Ce manque de documentation, l’intérêt grandissant du public québécois et international pour cet art inclusif, le besoin d’analyser cette pratique, m’ont donné l’idée du projet Quadriptyque. Je souhaite d’abord que Quadriptyque démystifie et fasse mieux connaître autant que reconnaître cette discipline faisant pleinement partie de l’écologie de la danse contemporaine internationale depuis les années 80.
Quadriptyque veut donc :
- mener une réflexion approfondie et faire valoir l’importance de ce champ d’exploration dans l’écologie de la danse québécoise et canadienne
- ouvrir le dialogue entre danseurs avec et sans handicap, entre danseurs, chorégraphes et publics
- offrir un outil pédagogique, une référence à consulter pour les professeurs, les étudiants, les chorégraphes qui désirent intégrer des interprètes avec handicap
- suivre 4 chorégraphes ainsi que 7 interprètes avec ou sans handicap de générations différentes durant leur processus de création qui habituellement se passe en vase clos.
Comment ?
La plateforme web dynamique et interactive de Quadiptyque a trois buts : effectuer l’analyse de quatre processus de recherche-création ; impliquer le grand public dans les réflexions entourant cette recherche ; faire de tout ce processus un spectacle permanent sur le web. Les quatre chorégraphes de renom ont été sélectionnés pour leurs esthétiques singulières. Ils ont répondu avec grand enthousiasme à l’opportunité d’ouvrir leur laboratoire de recherche et création à tous. Le processus a débuté en juillet 2016 et s’échelonnera jusqu’en juin 2017. Chacun pourra ainsi assister de l’intérieur à la naissance d’une œuvre de danse intégrée… en espérant que de cette expérience tout à fait inédite naissent de nouveaux horizons.
France Geoffroy
France Geoffroy
crédit photo: Sandra Larochelle
Directrice générale de Corpuscule Danse/Direction artistique/interprète
www.corpusculedanse.com
Danseuse avant tout…
Pionnière de la danse intégrée au Québec, France Geoffroy a cofondé en 2000 Corpuscule Danse, compagnie au sein de laquelle elle assure la direction générale et artistique. Elle enseigne et crée des spectacles avec des enfants et des adultes, intervient également comme interprète, consultante et conférencière. Depuis ces débuts en 1994, Geoffroy a mené une carrière riche et éclectique, elle a dansé entre autres pour les chorégraphes : Johanne Madore, Estelle Clareton, John Ottmann, Hélène Langevin, Benoit Lachambre, Harold Rhéaume, Chantal Lamirande et les chorégraphes britanniques Jemima Hoadley et Kuldip Singh-Barmi (Candoco).
Sa démarche artistique est centrée sur l’esthétique et les possibilités de mouvance du corps atypique, en utilisant les contraintes physiques comme donnée de départ mais sans s’arrêter à elle. C’est pourquoi danser et faire danser demeure sa priorité. Elle a tant fait pour démontrer qu’une danseuse en fauteuil roulant est avant tout… une danseuse.
Les dernières années, France Geoffroy a vu sa vision artistique, sa persévérance et son engagement récompensés de plusieurs distinctions : Prix À Part Entière Office des Personnes Handicapées du Québec 2016, Prix du Gouverneur générale, Division Civile 2017, Prix Michael J. Fox, Conseil des Arts du Canada 2018, Prix Envol du Conseil des Arts de Montréal 2019.
Ces honneurs témoignent de changements de mœurs importantes face à la perception du handicap en art. Maintenant, les personnes handicapées peuvent rêver et agir sur leur désir d’être artiste, désir qui a toujours été légitime, mais qui devient une voie d’expression en accord avec l’actualité, ICI et MAINTENANT.
Marie-Hélène Bellavance
crédit photo: Sandra Larochelle
Direction artistique/Interprète/caméra/montage
www.mariehelenebellavance.com
Artiste multidisciplinaire, Marie-Hélène Bellavance, termine en 2004 son baccalauréat à l’université Concordia en Beaux Arts avec mineure en psychologie. Depuis, elle maintient une pratique rigoureuse sur la scène contemporaine et s’établit comme voix émergente importante dans le réseau artistique Montréalais.
Elle compte déjà plusieurs expositions collectives et solos à son actif et propose un travail visuel introspectif sur la résilience et la transformation. Elle fait une première apparition en 2005 sur la scène en danse avec la compagnie Corpuscule Danse, puis en 2006, co-chorégraphie la pièce S’ancrer dans la Suspension. La pièce sera invitée à tourner dans les Maisons de la Culture de Montréal l’année suivante lors de l’événement Les Printemps de la Danse.
C’est sur scène que la réalisatrice Sophie Deraspe la remarque et lui offre par la suite un premier rôle au cinéma, soit celui de Simone, le personnage principal du film Les signes vitaux. Le film sorti en salle en mars 2010, tournera par la suite dans divers festivals et remportera plusieurs prix dont celui de « Best Actress » au Festival du Film de Whistler, ainsi qu’en Russie.
Depuis 2008, Bellavance retrouve la compagnie Corpuscule Danse comme interprète pour la chorégraphe Estelle Clareton (2010), et Chantal Lamirande (2015). Avec Quadriptyque Marie-Hélène Bellavance s’adjoint à France Geoffroy au sein de la direction artistique de la compagnie pour propulser l’art et la danse intégrer.
Benoît Lachambre
crédit photo: Véronique Soucy
Chorégraphe
Évoluant dans le milieu de la danse depuis les années 1970, Benoît Lachambre s’initie en 1985 au releasing dont l’approche kinesthésique du mouvement et la part d’improvisation vinrent fortement imprégner son travail de composition chorégraphique. Il s’investit alors totalement dans une approche exploratoire du mouvement et de ses sources dans l’idée de retrouver l’authenticité du geste. Sa démarche s’appuie fondamentalement sur un travail en acuité avec les sens où lier l’artistique et le somatique devient une nécessité.
En 1996, il fonde à Montréal sa propre compagnie, Par B.L.eux, « B.L. » étant ses initiales et « eux » pour les artistes créateurs avec lesquels il s’associe et qui deviennent peu à peu centraux dans son cheminement artistique. Il a ainsi multiplié les rencontres et les échanges dynamiques et a collaboré aussi avec de nombreux chorégraphes d’envergure internationale et artistes provenant de disciplines différentes : Boris Charmatz, Sasha Waltz, Marie Chouinard, Louise Lecavalier, Fabrice Ramalingom ou encore Meg Stuart et le musicien Hahn Rowe.
Artiste/chorégraphe/interprète majeur de sa génération, Benoît Lachambre a créé 17 œuvres depuis la fondation de Par B.L.eux, a participé à plus de 20 productions extérieures et a reçu 25 commandes chorégraphiques.
En novembre 2013, Benoît Lachambre a reçu le Grand prix de la Danse de Montréal 2013 pour son apport exceptionnel à l’art chorégraphique, suite à la présentation à Montréal de l’œuvre Snakeskins, un faux solo. En décembre 2014, il a reçu le prix de la meilleure œuvre chorégraphique, remis par le Conseil des arts et des lettres du Québec, pour l’œuvre Prismes, créée pour Montréal Danse. Hyperterrestres, co-créée avec le chorégraphe Fabrice Ramalingom et le compositeur Hahn Rowe, a été présentée en première nord-américaine dans le cadre de la 9e édition du Festival TransAmériques (FTA) 2015.
Sa dernière création en solo, Lifeguard s’inscrit dans une volonté toujours plus présente de décloisonner le geste chorégraphique, elle est présentée en première mondiale lors du Festival June Events à Paris en Juin 2016.
Lucie Grégoire
crédit photo: Angelo Barsetti
Chorégraphe
www.luciegregoiredanse.ca
La chorégraphe et interprète montréalaise Lucie Grégoire poursuit sa recherche artistique depuis 30 ans avec, à sa feuille de route, plus d’une trentaine de créations chorégraphiques; des œuvres pour plusieurs danseurs, des créations in situ et des solos. Son parcours est marqué par de longs séjours à l’étranger, notamment à New York, en France et au Japon, où elle a côtoyé des artistes contemporains majeurs, parmi lesquels Merce Cunningham, Trisha Brown, Kazuo et Yoshito Ohno.
Reconnue pour l’intégrité de sa démarche artistique, la beauté hypnotique de sa danse et la dimension picturale de ses mises en scène, elle trace une voie unique dans le paysage de la danse contemporaine au Canada. Son œuvre sonde l’univers féminin et puise son inspiration à plusieurs sources : l’anthropologie, la mythologie, les cultures anciennes, la littérature, les arts visuels et la musique.
Au fil d’une suite de solos (Absolut, Vers le haut pays, Sente, Les choses dernières et La douceur du ciel), Lucie Grégoire a tissé la trajectoire d’un personnage de femme, en autant d’expériences de dépaysement poétique. Parallèlement, elle a chorégraphié des pièces de groupe in situ dont la majorité s’inscrivent dans des architectures naturelles.
Mentionnons Migration 1 et II (1994 et 1995) au Jardin botanique de Montréal, Le jardin de lierre brûlé (1997), au Arts in Open Space de Toronto, Trajectoires (1999) présentée entre autres aux Journées théâtrales de Carthage en Tunisie, Disparitions (2002), en coproduction avec le Festival Danse Canada et Le retour du temps (2007, 2008, 2010), dans le Parc du Mont-Royal, avec 30 danseurs de la relève montréalaise. Elle a également créé deux œuvres de groupe pour la scène traditionnelle: Fragile lumière (2000) et Hatysa ou l’Envers d’une étoile (2003).
En 2004, la création de Eye, en collaboration avec le chorégraphe et danseur japonais Yoshito Ohno, marque un tournant dans sa trajectoire. Deux autres duos s’ajouteront à ce cycle, Flower (2008) et In Between (2011), pour former une fascinante trilogie.
Sa dernière création solo, Ciel et cendres, a été créée en 2014 à l’Agora de la danse à Montréal.
Au printemps 2016, elle célèbre le trentième anniversaire de sa compagnie en recréant une pièce emblématique de son répertoire, Les choses dernières à l’Agora de la danse et en présentant, en parallèle, une exposition rétrospective comprenant des photographies, des extraits vidéos, et des costumes.
Deborah Dunn
crédit photo: Michael Slobodian
Chorégraphe
C’est à l’université que Deborah Dunn eut son premier contact avec la danse alors qu’elle complétait un diplôme en arts visuels. À partir de ce moment, ses dessins et sa peinture furent influencés par la danse et elle délaissa petit à petit l’atelier au profit des classes de danse. Deborah a étudié le mouvement en autodidacte pendant plusieurs années alors qu’elle travaillait comme photographe, scénographe et conceptrice de costume.
C’est en 1994 qu’elle fonde sa compagnie Trial & Eros à Vancouver avant de venir s’établir à Montréal en 1999. Les créations de danse-théâtre de Trial & Eros sont teintées d’une critique sociale, d’une recherche historique et de beaucoup d’humour. Deborah aborde la danse avec rigueur et souci du détail. Alliant sensualité et fluidité, son mouvement est encadré dans une architecture solide et est ponctué d’une grande musicalité.
Elle a créé un large répertoire de chorégraphies solo et de groupe depuis « Trial & Eros’, sa première création d’envergure, parmi lesquelles figurent les œuvres majeures : ‘Pandora’s Books’, ‘Petite reine’, ‘The Birds’, ‘Blackmail’, ‘Païens élégants’, ‘Nocturnes’ ‘Four Quartets’
‘Orlando’ et ‘Le délire domestique’, présentées à travers le Canada.
Sarah-Ève Grant
crédit photo: Maxime Pronovost
Chorégraphe
Diplômée en danse contemporaine, profil création, de l’UQÀM en 2009, SARAH-ÈVE GRANT LEFEBVRE débute sa carrière professionnelle en présentant Un jour, mon père m’a dit (2010) en première partie du chorégraphe Dave St-Pierre. Ensuite, Les Projets du 3e de L’Usine C l’accueille en résidence avec Note à Moi-Même (2011). Puis, Tangente diffuse Dans le Cercle (2012) et Le Guillaume Lambert Show (2015).
Elle présente Série Portraits (Note à Moi-Même, Jérémi Roy est un Homme Libre et Le Guillaume Lambert Show) dans le cadre du festival OFFTA 2014. Elle oeuvre au sein du collectif Ballet de Ruelles depuis 2012. Elle à interprété dans les pièces de Marten Spangberg, Emmanuel Jouthe et Félix-Antoine Boutin.
Aline Apostolska
crédit photo: Sandra Larochelle
Journaliste
Aline Apostolska est une journaliste culturelle et écrivaine franco-canadienne. Détentrice d’une maîtrise d’histoire, elle a publié 40 livres depuis 1986 (romans adultes et jeunesse, récits, essais, recueils de poésie) à Paris puis à Montréal. En 2012, avec Un été d’amour et de cendres, elle remporte un premier prix du Gouverneur général. Ses livres sont traduits dans plusieurs langues. Dix ans comme animatrice et chroniqueure à l’antenne de la radio de Radio-Canada, critique de danse à La Presse de 2001 à 2014, elle a également siégée à la Commission du droit de prêt public du Conseil des arts du Canada comme représentante de l’UNEQ (Union des écrivaines et écrivains québécois) de 2008 à 2016. Elle suit la danse contemporaine internationale depuis 35 ans, depuis Paris puis depuis Montréal et à également conçu, interprété et coproduit 3 spectacles de danse & littérature présentés à l’Agora de la danse en 2005, 2006 et 2010.
Sophie Michaud
Sophie Michaud est spécialisée dans l’accompagnement du processus de création en danse contemporaine. Depuis près de trente ans, en tant que directrice des répétitions, conseillère artistique et dramaturge, elle évolue auprès de créateurs émergeants et d’artistes établis. Au fil du temps, elle a traversé de nombreux univers chorégraphiques et ainsi développé une aptitude à saisir et à traduire de manière sensible le langage des artistes. À titre de chercheure, elle s’intéresse au phénomène de la perception chez « le regardant » en danse et à ses stratégies d’intervention en studio. Détentrice d’une maîtrise en danse (1996), elle a également complété une scolarité de troisième cycle universitaire en Études et pratiques des arts (UQÀM/2018). Mettant à profit son expérience plurielle de la création, en parallèle à son travail en studio, elle agit comme consultante, formatrice et médiatrice culturelle.